La chirurgie colorectale est un moment de vie intense, souvent chargĂ© de peurs, de douleurs et de nombreuses questions. Beaucoup de patients dĂ©couvrent quâau-delĂ des mĂ©dicaments et des gestes techniques, certaines approches simples, comme la musique, peuvent rĂ©ellement changer la façon dont se vit lâhospitalisation. La musicothĂ©rapie sâimpose progressivement comme un soutien prĂ©cieux pour traverser lâanesthĂ©sie, le rĂ©veil et les premiers jours aprĂšs lâopĂ©ration dans de meilleures conditions.
Dans plusieurs services de chirurgie digestive, y compris dans les protocoles les plus modernes de rĂ©cupĂ©ration rapide, la musique fait dĂ©sormais partie des « petits plus » qui font une grande diffĂ©rence : agitation rĂ©duite au rĂ©veil, tension artĂ©rielle plus stable, moins de nausĂ©es, sentiment dâĂȘtre mieux accompagnĂ©. Cet article propose un tour dâhorizon concret de lâimpact apaisant de la musicothĂ©rapie en chirurgie colorectale, avec des exemples pratiques, des repĂšres pour les proches et des pistes pour les soignants qui souhaitent intĂ©grer la musique dans leurs prises en charge.
| Peu de temps ? VoilĂ ce quâil faut retenir : |
|---|
| â La musicothĂ©rapie en chirurgie colorectale aide Ă diminuer le stress, la douleur ressentie et lâagitation au rĂ©veil dâanesthĂ©sie đ |
| â CombinĂ©e Ă un protocole de rĂ©cupĂ©ration structurĂ©, la musique permet un rĂ©veil plus rapide et une meilleure stabilitĂ© des constantes vitales â€ïž |
| â Des sĂ©ances courtes, avec une musique douce Ă faible volume, suffisent pour obtenir des effets cliniquement mesurables đ§ |
| â La musique ne remplace jamais les soins, mais elle est un complĂ©ment simple, peu coĂ»teux et accessible pour amĂ©liorer le confort des patients đĄ |
| â Impliquer le patient dans le choix musical et coordonner lâĂ©quipe soignante autour de ce projet optimise les bĂ©nĂ©fices đ€ |
Musicothérapie et chirurgie colorectale : comprendre les bénéfices concrets pour le patient
Dans le cadre dâune chirurgie colorectale, le corps et le mental sont mis Ă rude Ă©preuve. Lâannonce du cancer, la prĂ©paration de lâintervention, lâattente au bloc, le passage en salle de rĂ©veil : chaque Ă©tape peut majorer le stress. La musicothĂ©rapie vient ajouter une dimension de rĂ©confort qui agit Ă la fois sur le psychique et sur le physiologique.
Les Ă©tudes rĂ©centes en chirurgie digestive montrent que lâĂ©coute de musique apaisante avant et aprĂšs lâintervention rĂ©duit significativement les marqueurs du stress, comme le cortisol ou lâadrĂ©naline. Ce nâest pas simplement une impression de bien-ĂȘtre : la musique agit sur le systĂšme nerveux autonome, ralentit la frĂ©quence cardiaque et favorise une respiration plus calme. Lâorganisme se trouve dans de meilleures conditions pour encaisser lâanesthĂ©sie et la chirurgie.
Une publication parue dans un journal spĂ©cialisĂ© en chirurgie gastro-intestinale rapporte par exemple que, chez 120 patients opĂ©rĂ©s par rĂ©section radicale laparoscopique pour cancer colorectal, ceux qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun protocole combinant soins de rĂ©cupĂ©ration sous anesthĂ©sie et musicothĂ©rapie se rĂ©veillaient plus vite, avec une tension artĂ©rielle mieux contrĂŽlĂ©e et moins de complications post-anesthĂ©siques courantes comme les frissons ou les nausĂ©es.
ConcrĂštement, cela signifie que la musique ne se contente pas dâoccuper le silence de la chambre. Elle contribue Ă :
- đ Apaiser lâanxiĂ©tĂ© prĂ©opĂ©ratoire en aidant le patient Ă focaliser son attention ailleurs que sur ses peurs.
- â€ïž Stabiliser la frĂ©quence cardiaque et la tension au moment du rĂ©veil, quand le corps est encore trĂšs vulnĂ©rable.
- đŻ Limiter lâagitation dâĂ©mergence, ce moment parfois spectaculaire oĂč certains patients se dĂ©battent, arrachent leurs perfusions ou leur sonde.
- đ€ AmĂ©liorer la qualitĂ© du repos dans les heures qui suivent, alors que le sommeil est souvent fragmentĂ© et peu rĂ©parateur.
Pour mieux visualiser ces effets, le tableau ci-dessous synthétise quelques bénéfices observés en pratique clinique :
| Effet observĂ© đ | MĂ©canisme supposĂ© đ§ | Impact pour le patient en chirurgie colorectale đ„ |
|---|---|---|
| Diminution de la perception de la douleur | Activation des circuits du plaisir, libĂ©ration dâendorphines | Moins de douleur ressentie aprĂšs lâopĂ©ration, besoin parfois rĂ©duit en antalgiques |
| Baisse de lâanxiĂ©tĂ© đ | RĂ©gulation des Ă©motions, distraction positive | Attente du bloc plus sereine, meilleure coopĂ©ration avec lâĂ©quipe soignante |
| Stabilisation des constantes vitales | RĂ©duction de lâactivitĂ© du systĂšme sympathique | FrĂ©quence cardiaque et tension artĂ©rielle plus stables au rĂ©veil |
| Moins dâagitation au rĂ©veil âïž | Transition plus douce entre anesthĂ©sie et conscience | Moins de risques dâarrachement de matĂ©riel, dâaccidents ou de surdosage mĂ©dicamenteux |
| Sensation de mieux-ĂȘtre global đ | Sentiment dâĂȘtre respectĂ© comme une personne, pas seulement comme un âcasâ | RĂ©cit de lâhospitalisation plus positif, confiance accrue dans les soins |
Dans les services oĂč la musique est intĂ©grĂ©e aux soins, les retours des patients sont souvent trĂšs clairs : « la journĂ©e passait plus vite », « on pensait moins Ă la douleur », « on se sentait enveloppĂ© ». Ces ressentis, rĂ©pĂ©tĂ©s de chambre en chambre, montrent Ă quel point une approche simple peut transformer lâexpĂ©rience hospitaliĂšre. Pour les proches, savoir que la personne opĂ©rĂ©e est accompagnĂ©e aussi de cette façon est parfois un vĂ©ritable soulagement.
Cette comprĂ©hension globale des bĂ©nĂ©fices ouvre naturellement la porte Ă une question clĂ© : comment organiser, de maniĂšre structurĂ©e, cette musicothĂ©rapie autour de lâanesthĂ©sie et du rĂ©veil ?

Protocole structurĂ© : comment la musique sâintĂšgre aux soins de rĂ©cupĂ©ration post-anesthĂ©sie
Pour que la musicothĂ©rapie en chirurgie colorectale ne soit pas une simple « bonne idĂ©e » appliquĂ©e au hasard, plusieurs Ă©quipes ont dĂ©veloppĂ© de vĂ©ritables protocoles de rĂ©cupĂ©ration structurĂ©s. Lâobjectif est dâencadrer le moment, la durĂ©e, le type de musique et la coordination avec les soins infirmiers et anesthĂ©siques, afin dâobtenir des effets mesurables sur la rĂ©cupĂ©ration.
Dans lâĂ©tude rĂ©cente menĂ©e sur 120 patients opĂ©rĂ©s dâun cancer colorectal, deux groupes ont Ă©tĂ© comparĂ©s : lâun recevait les soins standard, lâautre bĂ©nĂ©ficiait en plus dâun programme prĂ©cis de musicothĂ©rapie et dâun renforcement des soins de rĂ©cupĂ©ration sous anesthĂ©sie. Tous Ă©taient opĂ©rĂ©s par la mĂȘme Ă©quipe, avec les mĂȘmes schĂ©mas anesthĂ©siques, ce qui permettait de bien isoler lâeffet de lâintervention musicale et du suivi renforcĂ©.
Le protocole musical se caractérisait par des éléments concrets :
- đ§ SĂ©ances quotidiennes de 30 minutes, programmĂ©es Ă 9h00 et 20h00.
- đ” Musique sĂ©lectionnĂ©e par des professionnels : tempo lent, tonalitĂ© douce, absence de changements brusques.
- đ Volume modĂ©rĂ© (25 Ă 30 dB), afin de ne jamais ĂȘtre agressif ni couvrir les Ă©changes avec le personnel.
- đïž Installation confortable du patient, avec vĂ©rification des perfusions, drains et sonde urinaire avant de lancer la sĂ©ance.
En parallĂšle, les soins de rĂ©cupĂ©ration sous anesthĂ©sie Ă©taient renforcĂ©s : meilleure Ă©ducation prĂ©opĂ©ratoire, surveillance rapprochĂ©e des voies respiratoires, gestion attentive de la tempĂ©rature corporelle et analgĂ©sie ajustĂ©e pour limiter lâagitation. Cette combinaison musique + nursing ciblĂ© sâest rĂ©vĂ©lĂ©e particuliĂšrement efficace.
Le tableau suivant illustre la différence entre une prise en charge standard et ce type de protocole associé à la musicothérapie :
| ĂlĂ©ment du parcours de soins đ | Soins standards | Soins avec musicothĂ©rapie + rĂ©cupĂ©ration structurĂ©e đ¶ |
|---|---|---|
| Préparation préopératoire | Explications rapides, consignes de jeûne | Education renforcée, explication du rÎle de la musique, gestion anticipée des peurs |
| Pendant lâhospitalisation đ„ | Surveillance classique, soins techniques | Surveillance + sĂ©ances musicales programmĂ©es, soutien psychologique, adaptation fine des antalgiques |
| Phase de rĂ©veil đ | Sortie dâanesthĂ©sie surveillĂ©e, parfois agitation marquĂ©e | RĂ©veil plus progressif, signes vitaux plus stables, moins dâagitation |
| Complications post-anesthĂ©siques â ïž | Frissons, nausĂ©es, vomissements plus frĂ©quents | Taux de complications rĂ©duit (environ 10 % vs 40 % dans les donnĂ©es publiĂ©es) |
| RĂ©cupĂ©ration fonctionnelle đȘ | Progression variable, fatigue marquĂ©e | Meilleurs scores sur la cognition, les Ă©motions et les activitĂ©s de la vie quotidienne |
Pour les soignants, ce type de protocole demande une organisation claire, mais peu de matĂ©riel : un lecteur audio, des casques facilement dĂ©sinfectables, une playlist adaptĂ©e et une coordination au sein de lâĂ©quipe. Il est possible de lâadapter Ă la rĂ©alitĂ© de chaque service, y compris dans des structures plus petites.
Les professionnels qui travaillent dĂ©jĂ en soins de support, notamment en cancĂ©rologie ou en fin de vie, sont souvent particuliĂšrement sensibilisĂ©s Ă ces approches. Certains ateliers de rĂ©flexion et de formation autour de lâaccompagnement global, comme ceux proposĂ©s dans des dispositifs de soins palliatifs, peuvent inspirer la mise en place de programmes de musicothĂ©rapie adaptĂ©s aux services de chirurgie digestive.
Une fois ce cadre posé, reste une question essentielle : quels sont exactement les effets mesurés chez les patients opérés de chirurgie colorectale, et comment les interpréter de façon concrÚte pour le quotidien des équipes ?
Résultats cliniques : récupération plus rapide, moins de complications et stress réduit
Les chiffres issus des recherches menĂ©es en chirurgie colorectale sont parlants. Dans lâĂ©tude mentionnĂ©e prĂ©cĂ©demment, lâajout de la musique et des soins de rĂ©cupĂ©ration sous anesthĂ©sie a permis aux patients de reprendre conscience plus rapidement aprĂšs lâintervention. Le temps jusquâĂ lâextubation et la durĂ©e de sĂ©jour en salle de rĂ©veil Ă©taient significativement rĂ©duits.
Au-delĂ de ces donnĂ©es temporelles, des paramĂštres plus fins ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s. Les patients du groupe « musique + protocole structurĂ© » prĂ©sentaient des augmentations beaucoup plus modĂ©rĂ©es de la tension artĂ©rielle et de la frĂ©quence cardiaque lors de lâĂ©mergence. Le corps rĂ©agissait donc de maniĂšre plus douce au stress de lâanesthĂ©sie et de la chirurgie.
Les examens biologiques montraient Ă©galement une hausse attĂ©nuĂ©e des hormones de stress : cortisol, adrĂ©naline, noradrĂ©naline, aldostĂ©rone. Cela indique que lâaxe neuroendocrinien, habituellement trĂšs sollicitĂ© dans le contexte opĂ©ratoire, Ă©tait moins « affolĂ© » chez les patients ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâintervention combinĂ©e. Cette modulation du stress nâest pas seulement symbolique ; elle influence concrĂštement la qualitĂ© de la rĂ©cupĂ©ration.
- đ Moins de complications post-anesthĂ©siques : nausĂ©es, vomissements, frissons, hypothermie.
- đ§ Meilleurs scores cognitifs et Ă©motionnels dans les Ă©valuations de rĂ©cupĂ©ration postopĂ©ratoire.
- đ¶ Retour plus rapide Ă une autonomie de base (repas, toilette, dĂ©placements simples).
- đ Perception de la qualitĂ© des soins amĂ©liorĂ©e, avec un sentiment de prise en charge plus globale.
Les évaluations cliniques ont notamment utilisé une échelle de qualité de la récupération postopératoire (PQRS), qui analyse plusieurs dimensions : cognition, émotion, fonctions physiologiques, douleur, activités de vie quotidienne. Dans presque toutes ces catégories, le groupe ayant reçu la musicothérapie associée aux soins structurés présentait de meilleurs résultats.
Le tableau ci-dessous rĂ©sume ces gains dâun point de vue clinique :
| Domaine Ă©valuĂ© đ | Sans musicothĂ©rapie | Avec musicothĂ©rapie + rĂ©cupĂ©ration structurĂ©e đ” |
|---|---|---|
| Temps jusquâĂ reprise de conscience | Plus long, rĂ©veil parfois brutal | RĂ©veil plus rapide, transition plus douce |
| DurĂ©e de sĂ©jour en salle de rĂ©veil đ | Plusieurs heures, surveillance prolongĂ©e | RĂ©duction significative de la durĂ©e de surveillance nĂ©cessaire |
| Variations tension / fréquence cardiaque | Hausses marquées, pic de stress | Augmentations modérées, meilleure stabilité |
| Taux de complications post-anesthĂ©siques â ïž | Environ 40 % des patients | Environ 10 % des patients |
| QualitĂ© de la rĂ©cupĂ©ration (PQRS) đż | Scores moyens, rĂ©cupĂ©ration plus hĂ©tĂ©rogĂšne | Scores nettement amĂ©liorĂ©s sur les plans cognitif, Ă©motionnel et fonctionnel |
Ces rĂ©sultats confirment ce que de nombreux soignants constatent intuitivement au lit du patient : un environnement sonore apaisant, associĂ© Ă une vigilance accrue sur la phase de rĂ©veil, change la donne. Un patient moins agitĂ©, moins douloureux et plus rassurĂ© est plus disponible pour les explications, la mobilisation prĂ©coce, la kinĂ©sithĂ©rapie respiratoire ou encore la rĂ©introduction progressive de lâalimentation.
Ils rejoignent aussi des constats issus dâautres contextes, comme la prise en charge palliative ou oncologique, oĂč la musique est utilisĂ©e de longue date pour soulager la souffrance et aider Ă mieux vivre des traitements lourds. Des structures engagĂ©es dans un accompagnement global, comme celles mises en lumiĂšre Ă travers certains ateliers de soins palliatifs, montrent dâailleurs Ă quel point ces approches peuvent ĂȘtre transposĂ©es en chirurgie lourde.
Une fois ces bĂ©nĂ©fices cliniques Ă©tablis, se pose naturellement la question pratique : comment choisir la bonne musique, lâadapter Ă chaque personne et en faire un vrai outil de soin, sans tomber dans la recette toute faite ?
Choix de la musique et personnalisation : adapter la musicothérapie à chaque patient opéré
La musicothĂ©rapie en chirurgie colorectale ne se rĂ©sume pas Ă diffuser une playlist gĂ©nĂ©rique dans le service. Pour que la dĂ©marche soit rĂ©ellement efficace et respectueuse, elle doit prendre en compte lâhistoire, les goĂ»ts et la sensibilitĂ© de chaque patient. Une personne habituĂ©e au jazz ou au rap nâaura pas la mĂȘme rĂ©ponse Ă©motionnelle quâun amateur de musique classique ou de chants religieux.
Les Ă©quipes qui utilisent la musique en milieu hospitalier sâappuient souvent sur quelques principes simples :
- đ¶ PrivilĂ©gier des tempos lents Ă modĂ©rĂ©s, qui encouragent une respiration calme.
- đ§Ą Ăviter les brusques changements de volume ou de rythme, sources de stress.
- đ Proposer plusieurs ambiances musicales et laisser le patient exprimer une prĂ©fĂ©rence.
- đ± Permettre parfois lâusage du tĂ©lĂ©phone personnel avec des Ă©couteurs, tout en respectant les rĂšgles du service.
Il est trĂšs utile de prendre quelques minutes, lors de la consultation dâanesthĂ©sie ou de la visite infirmiĂšre prĂ©opĂ©ratoire, pour poser des questions simples : « Quels styles de musique vous apaisent ? », « Y a-t-il une chanson qui vous rassure particuliĂšrement ? ». Cet Ă©change peut aussi crĂ©er un premier lien de confiance, prĂ©cieux dans un parcours de chirurgie lourde.
Le tableau ci-dessous donne quelques exemples de types de musique et de situations dans lesquelles ils peuvent ĂȘtre proposĂ©s :
| Situation clinique đŻ | Type de musique suggĂ©rĂ© | Objectif recherchĂ© đ |
|---|---|---|
| Veille de lâintervention (anxiĂ©tĂ© montante) | Musique douce instrumentale, piano ou guitare acoustique | Limiter les ruminations, faciliter lâendormissement đŽ |
| Matin du bloc opératoire | Playlist calme mais positive (ambiant, classique léger) | Installer un climat serein, éviter la montée de tension |
| Retour en chambre aprÚs chirurgie | Musique trÚs lente, sons de nature, voix rassurantes | Accompagner le réveil, atténuer la douleur ressentie |
| Premiers levĂ©s et mobilisation đ¶ | Musique lĂ©gĂšrement plus rythmĂ©e mais douce | Encourager le mouvement, donner de lâĂ©lan |
| PĂ©riodes dâinsomnie la nuit | Musique relaxante, sans paroles ou avec voix trĂšs douce | Favoriser une dĂ©tente profonde, rĂ©duire lâangoisse nocturne |
Dans certains cas, un musicothĂ©rapeute formĂ© peut intervenir directement au lit du patient, avec des instruments simples (guitare, percussions douces, voix). Cette prĂ©sence vivante et personnalisĂ©e renforce encore le sentiment dâĂȘtre accompagnĂ©. Toutefois, mĂȘme sans spĂ©cialiste dĂ©diĂ©, les Ă©quipes peuvent dĂ©jĂ structurer des temps dâĂ©coute adaptĂ©s.
LâexpĂ©rience de terrain en soins dâaccompagnement, comme celle partagĂ©e dans des dispositifs de formation aux soins palliatifs, montre Ă quel point la personnalisation est centrale. On ne propose pas la mĂȘme musique Ă une personne trĂšs fatiguĂ©e, Ă quelquâun qui vient de vivre une mauvaise nouvelle ou Ă un patient qui se prĂ©pare Ă rentrer chez lui. LâĂ©coute du rĂ©cit de la personne guide le choix.
En gardant cette dimension humaine et personnalisĂ©e, la musicothĂ©rapie ne devient pas un gadget de plus, mais un vĂ©ritable outil de soin, ajustĂ© au rythme de chacun. LâĂ©tape suivante consiste alors Ă penser lâorganisation Ă lâĂ©chelle dâun service : comment coordonner les soignants, informer les patients et faire de la musique une composante naturelle du parcours ?
Mettre en place la musicothérapie en chirurgie colorectale : organisation, équipe et accompagnement au long cours
Installer durablement la musicothĂ©rapie dans un service de chirurgie colorectale demande un peu plus quâun simple achat de casques audio. Il sâagit dâun projet de service, qui implique les infirmiers, les aides-soignants, les anesthĂ©sistes, les chirurgiens mais aussi, lorsque câest possible, les psychologues, les kinĂ©sithĂ©rapeutes et les bĂ©nĂ©voles.
La premiĂšre Ă©tape consiste souvent Ă dĂ©signer un ou deux professionnels « rĂ©fĂ©rents musique ». Leur rĂŽle : coordonner le choix des supports, dĂ©finir les temps dâĂ©coute recommandĂ©s, rappeler les rĂšgles dâhygiĂšne et ĂȘtre le point de repĂšre pour lâĂ©quipe. Ces personnes peuvent sâinspirer dâexpĂ©riences dĂ©jĂ en place dans dâautres services, ou de ressources proposĂ©es sur des plateformes dĂ©diĂ©es Ă la santĂ© et Ă lâaccompagnement.
Pour que le dispositif fonctionne réellement, quelques repÚres pratiques sont utiles :
- đïž Formaliser un mini-protocole Ă©crit (durĂ©e des sĂ©ances, moments-clĂ©s, consignes de volume).
- đ§Œ PrĂ©voir un circuit de nettoyage des casques et un rangement identifiĂ©.
- đŁïž Inclure la prĂ©sentation de la musicothĂ©rapie dans les entretiens dâaccueil des patients.
- đ Noter dans le dossier de soins lâacceptation ou non de la musique, les prĂ©fĂ©rences, les effets observĂ©s.
Certains services choisissent Ă©galement de former progressivement les soignants Ă ces approches non mĂ©dicamenteuses, via des ateliers ou des temps de rĂ©flexion clinique. Des initiatives centrĂ©es sur lâaccompagnement global, comme les ateliers sur les soins palliatifs, offrent souvent des grilles de lecture intĂ©ressantes pour mieux articuler technique et humanitĂ© dans les pratiques quotidiennes.
Un tableau peut aider les équipes à structurer ce déploiement :
| Ătape dâimplantation đ | Actions concrĂštes | BĂ©nĂ©fices attendus pour le service đ©ș |
|---|---|---|
| PrĂ©paration du projet | RĂ©union dâĂ©quipe, dĂ©finition des objectifs, choix du matĂ©riel | Vision partagĂ©e, adhĂ©sion des professionnels |
| Phase test đ§Ș | ExpĂ©rimentation sur quelques patients volontaires | Retour dâexpĂ©rience rapide, ajustements possibles |
| DĂ©ploiement progressif | Extension Ă lâensemble des patients Ă©ligibles en chirurgie colorectale | HomogĂ©nĂ©isation des pratiques, meilleure lisibilitĂ© pour tous |
| Suivi et Ă©valuation đ | Collecte de retours patients/soignants, suivi de quelques indicateurs (agitation, complications) | Valorisation du projet, arguments pour le pĂ©renniser |
| Ouverture Ă dâautres services đ | Partage dâexpĂ©rience avec dâautres unitĂ©s (oncologie, soins palliatifs, chirurgie gĂ©nĂ©rale) | Culture dâĂ©tablissement centrĂ©e sur le bien-ĂȘtre global des patients |
Ă plus long terme, cette dĂ©marche nourrit une vĂ©ritable culture dâaccompagnement, oĂč la qualitĂ© de vie du patient est considĂ©rĂ©e aussi importante que la rĂ©ussite technique de lâacte chirurgical. Elle crĂ©e des ponts entre la chirurgie, lâoncologie, la prise en charge de la douleur et lâaccompagnement de fin de vie, dans le mĂȘme esprit que certains programmes de sensibilisation aux soins palliatifs qui replacent la personne au centre du soin.
Au quotidien, la musique devient alors un outil de plus dans la « boĂźte Ă soins » de lâĂ©quipe : aussi naturel quâun tensiomĂštre ou quâun pousse-seringue, mais orientĂ© vers le cĆur et lâesprit du patient. Un simple casque posĂ© en douceur sur les oreilles peut, Ă ce moment-lĂ , valoir autant quâun long discours rassurant. Et câest souvent dans ces petits gestes rĂ©pĂ©tĂ©s que se construit un vrai sentiment de sĂ©curitĂ© pour la personne opĂ©rĂ©e.
Une action simple Ă retenir : pour tout patient qui se prĂ©pare Ă une chirurgie colorectale, proposer dĂšs Ă prĂ©sent de rĂ©flĂ©chir Ă la musique qui lâapaise le plus, et en parler avec lâĂ©quipe, peut dĂ©jĂ changer la maniĂšre de vivre lâhospitalisation. đ§
La musicothérapie peut-elle remplacer les médicaments contre la douleur aprÚs une chirurgie colorectale ?
Non. La musicothĂ©rapie ne remplace pas les antalgiques ni aucun traitement mĂ©dical. Elle agit comme un complĂ©ment qui aide Ă diminuer la perception de la douleur et le stress, ce qui peut parfois permettre dâajuster les doses, mais toujours sous contrĂŽle mĂ©dical. Elle sâintĂšgre dans une prise en charge globale, aux cĂŽtĂ©s des mĂ©dicaments, de la kinĂ©sithĂ©rapie et des soins infirmiers.
Quel type de musique est le plus recommandé aprÚs une opération colorectale ?
Les Ă©tudes recommandent plutĂŽt des musiques douces, au tempo lent, sans changements brusques de rythme ou de volume. Cependant, lâimportant reste que le patient se sente en sĂ©curitĂ© et apaisĂ©. Certains prĂ©fĂšrent la musique classique, dâautres le jazz, les musiques de films ou mĂȘme des chants traditionnels. Le mieux est de proposer plusieurs ambiances et de respecter les goĂ»ts de la personne opĂ©rĂ©e.
La musicothĂ©rapie est-elle possible si le patient est trĂšs fatiguĂ© ou somnolent aprĂšs lâanesthĂ©sie ?
Oui, Ă condition de respecter son confort et son Ă©tat de vigilance. La musique peut ĂȘtre diffusĂ©e Ă faible volume, sur une courte durĂ©e, simplement pour accompagner la phase de rĂ©veil. Si le patient manifeste une gĂȘne, la sĂ©ance peut ĂȘtre interrompue immĂ©diatement. Lâobjectif nâest jamais de forcer, mais dâoffrir une prĂ©sence sonore rassurante lorsque cela est bien vĂ©cu.
Comment les proches peuvent-ils participer Ă la musicothĂ©rapie dâun patient opĂ©rĂ© ?
Les proches peuvent aider en prĂ©parant Ă lâavance une liste de morceaux que le patient aime, en apportant Ă©ventuellement un casque confortable (si le service lâautorise) et en Ă©changeant avec lâĂ©quipe soignante sur ce qui apaise habituellement la personne. Ils peuvent aussi suggĂ©rer des temps dâĂ©coute partagĂ©s lors des visites, dans le respect du rĂšglement de lâunitĂ©.
Tous les hÎpitaux proposent-ils la musicothérapie en chirurgie colorectale ?
Non, cette pratique nâest pas encore systĂ©matique. Certains services ont dĂ©jĂ mis en place des protocoles structurĂ©s, dâautres commencent Ă peine Ă sây intĂ©resser. Il est tout Ă fait possible de poser la question Ă lâĂ©quipe soignante et, si rien nâest prĂ©vu, de discuter dâune mise en place simple (par exemple via un casque personnel) en respectant les rĂšgles de sĂ©curitĂ© et dâhygiĂšne du service.

