Une étude met en lumière la montée de l’usage des jouets intimes et de la masturbation chez les femmes seniors

La sexualité des femmes après 60 ans reste souvent enfermée dans les clichés : perte de désir, vie intime « terminée », tabou autour du plaisir. Pourtant, une nouvelle étude menée sur plusieurs milliers de participantes vient bousculer ces idées reçues. Elle montre une hausse nette de la masturbation et de l’usage de jouets intimes chez les femmes seniors, avec à la clé plus d’orgasmes, plus d’autonomie et, surtout, un impact positif sur la santé globale et le moral.

Cette évolution ne tombe pas du ciel. Elle s’inscrit dans un contexte plus large : allongement de l’espérance de vie, meilleure information sur la ménopause, explosion des ventes de sextoys depuis la pandémie, mais aussi nouvelles façons d’aimer, de vivre seule, de se réinventer. Beaucoup de femmes de 60, 70, voire 80 ans redécouvrent leur corps, parfois pour la première fois, sans culpabilité. Les soignants commencent aussi à intégrer cette réalité dans leur façon d’accompagner les patientes, même si le sujet reste délicat à aborder en consultation. Ce changement de regard ouvre des perspectives concrètes pour mieux vivre la vieillesse, non pas dans le renoncement, mais dans une forme de liberté intime.

Une étude qui change le regard sur la masturbation des femmes seniors

La nouvelle étude publiée dans le journal de la Menopause Society s’intéresse spécifiquement à un aspect souvent oublié de la sexualité : les comportements en solo, en particulier la masturbation et l’usage de jouets intimes chez les femmes de plus de 60 ans. Pendant longtemps, la recherche s’est principalement concentrée sur la sexualité en couple, comme si le plaisir ne pouvait exister qu’à deux. Ici, le focus est mis sur l’autonomie et l’intimité individuelle, avec des données solides à l’appui.

Plus de 3 000 femmes de 60 ans et plus ont été interrogées. L’étude montre une prévalence croissante de la masturbation dans cette tranche d’âge, ainsi qu’une utilisation de plus en plus fréquente de sextoys. Les participantes déclarent davantage utiliser ces jouets pendant la masturbation qu’au sein de rapports avec partenaire, ce qui indique que le plaisir solitaire devient un espace sûr, choisi et assumé 👍.

Les résultats sont particulièrement marquants : celles qui utilisent presque toujours ou toujours un jouet intime lors de la masturbation sont nettement plus nombreuses à dire qu’elles atteignent toujours ou presque toujours l’orgasme. Autrement dit, pour ces femmes, le sextoy n’est pas un gadget anecdotique, mais un véritable outil d’accès au plaisir et de réconciliation avec leur corps.

Des chiffres qui parlent : quelles pratiques, quels jouets, quelles situations ?

L’étude distingue plusieurs types de pratiques et d’objets utilisés. Les jouets les plus populaires ne sont pas forcément les plus sophistiqués technologiquement, mais ceux qui répondent le mieux aux besoins concrets des femmes seniors : confort, facilité d’utilisation, stimulation efficace. Cela rejoint ce que constatent de nombreux professionnels de santé de terrain : avec l’âge, la recherche n’est plus dans la performance, mais dans le confort, la douceur et l’efficacité.

• 💗 Vibromasseurs externes : très utilisés pour stimuler le clitoris sans pénétration.
• 🍑 Godes ou jouets pénétrants : appréciés mais parfois utilisés avec lubrifiant pour éviter l’inconfort.
• 🛌 Usage plus fréquent en solo qu’en couple : l’espace intime personnel est privilégié.
• 📈 Corrélation forte entre usage régulier et fréquence d’orgasme : plus le sextoy est intégré à la pratique, plus l’orgasme est présent.

La sexualité en couple n’est pas pour autant absente. Parmi les femmes qui ont encore des rapports avec un partenaire, près de 4 sur 10 (38,7 %) déclarent utiliser des jouets sexuels au moins parfois pendant les rapports. Ce chiffre témoigne d’une évolution des normes intimes : les sextoys ne sont plus réservés aux jeunes ni aux relations « expérimentales », ils s’intègrent dans la vie conjugale ou amoureuse de manière de plus en plus naturelle.

Ces données rappellent une réalité souvent méconnue : la majorité des femmes n’atteignent pas l’orgasme uniquement grâce à la pénétration

Ce premier constat statistique ouvre la voie à une réflexion plus large : si la masturbation et les jouets intimes se développent autant, c’est aussi parce qu’ils répondent à des défis bien concrets liés à la ménopause et au vieillissement.

Ménopause, douleurs, solitude : pourquoi les jouets intimes deviennent des alliés après 60 ans

Avec l’arrivée de la ménopause, beaucoup de femmes constatent des changements qui impactent directement leur vie intime : sécheresse vaginale, baisse de la lubrification, douleurs à la pénétration, fatigue, fluctuations du désir. En parallèle, les partenaires masculins peuvent être confrontés à des troubles érectiles. Résultat : les rapports sexuels « classiques » avec pénétration deviennent parfois douloureux, compliqués, voire décourageants.

Dans ce contexte, de nombreuses femmes font le choix – conscient ou non – de se détourner de ces schémas pour explorer d’autres modes de sexualité. L’étude met en avant que l’usage de sextoys peut alors jouer un rôle de substitut ou de complément : plutôt que d’abandonner toute vie intime, les femmes testent des modes de stimulation plus doux, plus ajustables, mieux contrôlés.

Quand les contraintes physiques ouvrent la porte à une sexualité différente

Les difficultés physiques de la ménopause et du vieillissement ne signifient pas la fin du plaisir, mais elles demandent souvent d’adapter les pratiques. Des exemples concrets, observés sur le terrain, montrent comment les sextoys peuvent aider à contourner certains obstacles et à redonner confiance.

• 🌸 Limiter la pénétration douloureuse : privilégier la stimulation externe (clitoridienne, vulvaire) grâce à un vibromasseur discret.
• 💧 Associer systématiquement un lubrifiant à tout jouet pénétrant pour compenser la sécheresse vaginale.
• 🧠 Reprendre contact avec son corps après une période d’abstinence, de deuil ou de maladie.
• 🤝 Réinventer la sexualité de couple sans se centrer uniquement sur la performance ou l’érection.

Il ne s’agit pas de « médicaliser » la sexualité, mais de composer avec la réalité du corps. Le plaisir devient alors moins une question de norme à suivre qu’un espace de créativité et d’ajustements, où l’on peut ralentir, tester, changer d’angle, arrêter dès que la douleur apparaît.

L’augmentation du nombre de femmes âgées vivant seules – divorce, veuvage, choix assumé – est un autre facteur clé. Sans partenaire, beaucoup pensaient autrefois que leur sexualité était terminée. Aujourd’hui, les sextoys permettent de maintenir une vie intime autonome, sans dépendre de la présence d’un autre.

Ce changement de perspective n’est possible que parce que le tabou autour de ces objets commence à reculer. Les entreprises ont ajusté leur offre, mais surtout, la culture générale autour des sextoys a évolué : on en parle dans les médias, chez le gynécologue, et même parfois entre amies. Cela ouvre la voie à une question centrale : comment le marché s’est-il adapté aux besoins spécifiques des femmes seniors ?

Un marché des jouets intimes qui s’adapte aux femmes ménopausées

Depuis la pandémie de COVID, les ventes de jouets sexuels ont explosé à l’échelle internationale. Une étude américaine a montré qu’une personne sur cinq avait élargi son « répertoire sexuel » pendant cette période, notamment par l’utilisation de sextoys, parfois en couple, parfois seule. Cette dynamique n’a pas épargné les seniors : au contraire, elle a souvent été l’occasion de premières découvertes, grâce à l’essor du e-commerce discret et anonyme.

Face à cette demande, les marques ont compris qu’un public restait largement sous-considéré : les femmes ménopausées et les seniors. De plus en plus de produits sont désormais pensés pour cette population : ergonomie simple, matériaux doux, puissance modulable, formes moins intimidantes. Le discours marketing évolue lui aussi, en parlant de bien-être, confiance en soi, santé intime, plutôt que de performance ou de provocation.

Des sextoys repensés pour les corps qui changent

Concrètement, quels types de jouets sont proposés aux femmes de plus de 60 ans ? Les retours d’expérience montrent que ce ne sont pas forcément les gadgets les plus « tendance » qui plaisent, mais ceux qui s’intègrent le mieux à une sexualité plus sensible, parfois marquée par des douleurs ou une appréhension du contact.

• 🕊️ Vibromasseurs externes souples : dotés de têtes larges et douces, ils permettent une stimulation du clitoris et de la vulve sans mouvement agressif.
• 📏 Jouets pénétrants fins : pensés pour limiter la sensation de « trop plein » et faciliter une rééducation progressive du confort vaginal.
• 🔇 Modèles silencieux : pour préserver l’intimité dans un logement partagé ou une résidence.
• 🧼 Matériaux faciles à nettoyer : silicone médical, surfaces non poreuses, très importants pour les femmes plus fragiles aux infections.

Parallèlement, des boutiques en ligne et physiques développent des espaces de conseil, parfois animés par des professionnels de santé ou des sexologues. Cela rejoint une approche plus globale de la santé sexuelle, dans laquelle des ressources spécialisées comme ce type de contenu sur le lien entre suivi médical et vie amoureuse peuvent aider les femmes à se sentir légitimes dans leurs questions.

Ce mouvement ne concerne pas uniquement le commerce. Il contribue à normaliser l’idée qu’une femme peut, à 65 ou 75 ans, investir dans son plaisir comme on investit dans une bonne paire de chaussures de marche ou un coussin ergonomique. La sexualité est envisagée comme un pan du bien-être global, au même titre que le sommeil, l’alimentation ou l’activité physique.

Cette vision holistique rejoint les préoccupations des soignants de proximité, infirmiers et médecins, qui voient au quotidien l’impact du bien-être intime sur l’humeur, le sommeil, la gestion de la douleur. Pour aller plus loin, il est essentiel que ces sujets entrent aussi dans les consultations de routine.

Des bienfaits réels sur la santé physique, mentale et cognitive

Au-delà du plaisir, la masturbation et l’usage de sextoys chez les femmes seniors sont associés à plusieurs bénéfices de santé. Certaines études suggèrent un lien entre activité sexuelle et meilleure fonction cognitive, en particulier une meilleure mémorisation des mots. Le maintien d’une vie intime pourrait participer à la vitalité cérébrale, en stimulant le système vasculaire, hormonal et émotionnel.

Sur le plan physique, la sexualité – même en solo – contribue à entretenir la vascularisation du bassin, la souplesse des tissus, la lubrification (quand elle existe encore) et la tonicité du plancher pelvien. Autant d’éléments qui jouent un rôle non négligeable dans la prévention de certains troubles, comme l’incontinence ou certaines douleurs pelviennes.

Un impact global sur le moral et l’estime de soi

Les effets psychologiques sont tout aussi importants. Beaucoup de femmes décrivent la redécouverte de la masturbation, parfois avec un jouet, comme une façon de se réapproprier leur corps, après des années à le considérer uniquement sous l’angle de la maternité, de la maladie ou du vieillissement. Cette relation plus douce à soi a un impact direct sur la confiance et le bien-être au quotidien.

• 😊 Diminution du stress : l’orgasme déclenche la libération d’endorphines et favorise la détente.
• 💤 Amélioration possible du sommeil après des moments de plaisir en soirée.
• 🌈 Renforcement du sentiment de vitalité : la sensation de « se sentir vivante » ne s’arrête pas à la ménopause.
• 🧡 Image de soi plus positive : moins de honte, plus de douceur envers son corps.

Dans certains cas, la sexualité peut aussi être un facteur de repérage de problèmes de santé. Une douleur anormale à la pénétration ou au toucher, un changement brutal de sensations, une impossibilité d’atteindre l’orgasme alors que ce n’était pas le cas auparavant peuvent alerter et inciter à consulter.

Ces bénéfices parlent autant aux particuliers qu’aux professionnels de santé. Ils confirment l’importance de considérer la sexualité comme une composante à part entière de la qualité de vie des seniors, et non comme un luxe ou un sujet secondaire. Pour que ces atouts se concrétisent, il reste toutefois un verrou majeur à faire sauter : le silence autour du plaisir féminin après 60 ans.

Oser en parler avec un soignant de confiance, s’appuyer sur des ressources fiables et non culpabilisantes, peut transformer une gêne silencieuse en démarche de soin de soi. C’est là que l’accompagnement médical et paramédical prend tout son sens.

Parler de masturbation et de sextoys après 60 ans avec son soignant : comment s’y prendre ?

Malgré l’évolution des mentalités, beaucoup de femmes seniors n’osent pas aborder leur sexualité avec leur médecin, leur gynécologue ou leur infirmier. Honte, peur d’être jugée, impression que « ce n’est plus de leur âge »… De leur côté, certains professionnels n’osent pas non plus poser de questions, par manque de temps ou de formation. Résultat : des douleurs, des blocages, des dysfonctions sexuelles restent sans réponse pendant des années.

Les experts en santé de la femme rappellent pourtant qu’un simple échange en consultation peut changer bien des choses. Expliquer qu’il est normal de ne pas avoir d’orgasme par la seule pénétration, détailler comment fonctionne le clitoris, proposer des pistes comme les lubrifiants, les soins locaux, voire l’usage de sextoys, peut redonner un vrai pouvoir d’agir. Des approches décrites dans des ressources spécialisées, comme les liens entre suivi médical et vie affective, montrent à quel point ces conversations peuvent être bénéfiques.

Des pistes concrètes pour ouvrir le dialogue

Pour une femme qui souhaite parler de ces sujets en consultation, quelques stratégies simples peuvent aider à franchir le pas. L’objectif n’est pas d’entrer dans les détails intimes si elle ne le souhaite pas, mais de poser des mots clairs sur les difficultés et d’indiquer qu’elle est prête à être accompagnée.

• 🗣️ Préparer 1 ou 2 phrases à l’avance, par exemple : « J’ai des questions sur ma sexualité depuis la ménopause » ou « J’ai des douleurs pendant les rapports, j’aimerais en parler ».
• 📄 Noter les symptômes : douleur, sécheresse, absence d’orgasme, peur du contact, et depuis quand ils sont apparus.
• ❓ Formuler une demande : « Que puis-je faire pour retrouver du confort ? », « Les sextoys peuvent-ils m’aider ? ».
• 🤗 Changer de soignant si besoin : si elle se sent jugée ou incomprise, il est légitime de chercher un professionnel plus à l’aise sur ces questions.

Du côté des professionnels, un simple « Comment se passe votre vie intime depuis la ménopause ? » dans le cadre d’un bilan plus global peut ouvrir une porte. Les infirmiers à domicile ou en cabinet, souvent en lien de confiance avec les patientes, jouent un rôle clé pour dédramatiser ces sujets et orienter vers des solutions adaptées.

Dans cette dynamique, les plateformes d’information en santé, ancrées dans la réalité du terrain, ont un rôle clé : proposer des contenus clairs, sans jugement, qui relient santé, bien-être et vie intime. Elles permettent aux femmes, mais aussi aux aidants et aux soignants, de disposer d’une base solide pour engager le dialogue.

Une action simple, dès aujourd’hui ? Noter une question précise à poser lors du prochain rendez-vous médical. Juste une. Parfois, un changement commence avec une seule phrase prononcée face à un soignant de confiance.

Est-ce normal de se masturber après 60 ou 70 ans ?

Oui. Toutes les études récentes montrent que la masturbation reste fréquente chez les femmes seniors et qu’elle peut même augmenter avec l’âge, notamment chez celles qui vivent seules. Il ne s’agit pas d’un comportement « adolescent », mais d’une façon légitime de prendre soin de son plaisir, de son corps et de son moral.

Les sextoys sont-ils vraiment adaptés aux femmes ménopausées ?

Oui, à condition de choisir des modèles confortables, en matériaux de qualité, avec des intensités réglables. De nombreux produits sont désormais pensés pour les femmes ménopausées : plus doux, plus ergonomiques, plus faciles à nettoyer. L’usage de lubrifiant est souvent recommandé, surtout en cas de sécheresse vaginale.

Je n’ai jamais eu d’orgasme avec pénétration, est-ce anormal ?

Non. La plupart des femmes, quel que soit l’âge, n’atteignent pas l’orgasme uniquement grâce à la pénétration vaginale. La stimulation du clitoris, manuelle ou avec un sextoy, reste centrale. Savoir cela permet souvent de lever un sentiment d’échec et de chercher des pratiques plus adaptées à son propre corps.

Comment parler de ces sujets avec mon médecin sans gêne ?

Vous pouvez préparer une phrase simple avant la consultation, du type : « J’ai des questions sur ma sexualité depuis la ménopause ». Les soignants sont formés à aborder ces thèmes et apprécient souvent que les patients osent en parler. Si vous ne vous sentez pas écoutée ou respectée, il est toujours possible de changer de médecin.

Les sextoys présentent-ils des risques pour la santé des seniors ?

Utilisés correctement, ils sont généralement sans danger. Il est important de choisir des produits de bonne qualité, de lire la notice, d’utiliser un lubrifiant adapté si besoin, et de nettoyer le jouet après chaque usage. En cas de douleur, de saignements ou de symptômes inhabituels, il est recommandé de consulter un professionnel de santé.